Hasta siempre : rues NoTav vs inquisiteurs démokratiques !
« Terrorisme », « vol », « extorsion »… la langue fourchue du Pouvoir défigure le langage pour légitimer et poursuivre la dévastation des territoires. Les milliers de personnes qui sont descendues dans les rues aujourd’hui ont montré qu’une partie importante du pays n’accepte pas d’être mise au coin et que l’on parle pour elle. Ainsi les engagements de responsabilité pris par les 3000 manifestants à Chiomonte qui ont crié « nous sommes tous des terroristes », avec un Alberto Perino expliquant à un opérateur stupide de la RAI la différence qui existe entre « terrorisme » et « sabotage ». La voix off de service du Tg3 [journal TV de la Rai3] doit admettre que ni à Chiomonte ni à Turin personne n’est disposé à prendre ses distances avec ce que nous percevons tou*s comme des actes de résistance légitime.
À Turin, la plus grande manifestation : 5000 personnes ont traversé les rues du centre, escortées par un énorme déploiement de troupes anti-émeute mobilisées pour empêcher que le cortège atteigne des objectifs considérés comme sensibles : la gare ferroviaire de Porta Nuova et le siège de LTF (Lyon Turin Ferroviaire). La presse locale a cherché à minimiser et parle de 2000 personnes à Chiomonte et d’un millier à Turin (alors que quand la tête du cortège tournait dans la via Madama Cristina, la queue était encore à la Piazza Castello). Le problème est clairement politique : ils ne peuvent pas admettre qu’aujourd’hui le mouvement No TAV mobilise mieux et plus que n’importe quel parti politique ou syndicat dans la ville de Chiamparino [ancien maire, figure du Parti démocrate, ex-PCI] et d’Agnelli [lignée des patrons historiques de FIAT].
Ce qui frappait surtout, c’était l’hétérogénéité de la composition : mères avec des poussettes, jeunes, vieux, appartenances multiples et francs-tireurs, hommes et femmes conscients qu’autour de cette partie, ce qui est en jeu est un peu plus qu’un trou dans une montagne. Et bien conscients qu’avec toute le processus répressif contre Niccolò, Mattia et Claudio se joue aussi un peu la possibilité future pour tous et toutes de continuer à se battre pour un avenir meilleur et une vie digne d’être vécue.
A Pozzolo, Val Scrivia, 500 personnes du front contre le TAV Terzo Valico [troisième tracé, Gènes-Milan] ont arraché la clôture du chantier de construction. Plusieurs centaines d’autres relayaient le message sur une place de Gênes.
À Modène, sont descendus dans la rue les comités qui luttent contre la gestion par le PD de l’après-tremblement de terre, à Mestre, ils ont fait une opération péage gratuit, autant de façons de dénoncer le gaspillage de l’argent public et indiquer des formes de résistance à la crise.
Les manifestations ont été nombreuses et avec beaucoup de participants dans toute l’Italie. A Rome, la grande journée de solidarité s’est mélangé avec le souvenir de l’antifasciste Valerio Verbano[1] et de sa mère, précieuse gardienne de la mémoire sociale antifasciste de la ville de Rome. Des milliers de personnes ont traversé le quartier de Tufello. Beaucoup de monde aussi à Naples, pour réaffirmer la plus complète et totale solidarité avec les dix chômeurs arrêtés la semaine dernière.
centaines de personnes à Milan, dans un cortège qui s’est terminée aux portes de l’Expo, en visant les banques et les grilles qui clôturent la plus grande zone séquestrée d’Italie pour garantir les nouveaux gaspillages qui vont s’abattre sur les territoires et les fonds publics. Plus de 300 personnes à Pise dans un cortège qui reliait la solidarité à la vallée de Susa avec la bataille locale pour le revenu et de la dignité ; autant à Florence. Plus de 500 à Caltanissetta (Sicile) dans un cortège organisé par No MUOS ; des centaines de même à Bari, Brescia, Livourne, dans la province du Piémont, en Vénétie et en Toscane.
Nous ne pouvons pas encore faire une estimation précise et globale de toutes les initiatives mais nous savons qu’elles ont été nombreuses et ont connu une importante participation. A toutes ces personnes – nous sommes prêts à parier – Renzi a bien peu à vendre !
Aujourd’hui a été une généreuse journée de lutte. C’est de bon augure dans la perspective du 15 mars, quand il s’agira de réaffirmer la légitimité des luttes sociales et la nécessité de défendre toutes les personnes poursuivies du 15 octobre 2011 [2].
Mais la perspective de cette bataille, comme le montre le mouvement No-TAV depuis quelque temps maintenant, transcende les frontières nationales et sème vraiment les graines d’une future Europe des luttes encore à construire. Alors que nous terminons ces lignes, nous apprenons qu’une marche de solidarité a également eu lieu à Athènes et qu’à Notre-Dame-des-Landes, la police a lancé des gaz lacrymogène et utilisé des canons à eau contre les manifestants et zadistes qui s’approchaient de la zone rouge, dans ce qui s’annonçait depuis longtemps comme une grande manifestation contre la méga-aéroport pour les riches.
Nous ne savons pas combien de temps cela durera, nous savons que ce sera dur, mais après des journées comme celle d’aujourd’hui, nous savons très bien aussi que ce mouvement, et tous ceux qui marchent à ses côtés, ne lâcheront jamais et ne s’arrêteront pas de se mettre en travers pour empêcher la destruction des territoires et la mise aux enchères de nos vies.
Hasta siempre NoTav !
(traduit par: XYZ – Organisation Communiste Libertaire)
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Notes de la traduction :
[1] Valerio Verbano, militant lycéen de l’autonomie ouvrière romaine (et du comité de lutte du quartier Valmelaina), a été assassiné à son domicile le 22 février 1980, à l’âge de 19 ans, dans une embuscade tendue par trois assaillants d’extrême-droite. Ceux-ci, avant de l’abattre d’une balle de calibre .38, avaient ligoté et bâillonné ses parents en attendant qu’il rentre du lycée. Trente ans de procédures n’ont pas réussi à faire éclater la vérité judiciairement. Sa mère, Carla, qui s’est battu toutes ces années, est décédée le 5 juin 2012.
[2] La plus grande manifestation de ces dernières années à Rome, une marée humaine de 200 000 personnes, dans le cadre d’une journée internationale des Indignés, Occupy, contre l’austérité, la précarité, la chasse aux migrants, etc… Beaucoup de monde donc et une grande diversité, mais aussi beaucoup d’affrontements avec la police, des locaux du gouvernement pris d’assaut : la plus grande journée d’affrontements de rue contre la police depuis 10 ans en Italie (Gènes juillet 2001). Pour beaucoup, une date qui marque un tournant. Plus de 130 blessés, un lynchage médiatique en règle, une campagne de criminalisation de grande ampleur de la part de toutes les forces institutionnelles, des mois et des années de prison pour les manifestants arrêtés. La Cour d’appel vient, le 7 février 2014, de confirmer, à une exception près, la plupart des peines de prison du procès de première instance.
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