Roma’s Burning!
« Tandis que nous écrivons, les hélicoptères de la police bourdonnent encore dans le ciel de Rome et on aperçoit la fumée des barricades entre les immeubles du centre. Roma’s burning ! La journée de l’indignation en Italie semble ne pas vouloir finir, parmi les foyers de révolte encore éparpillés dans la ville, tandis que le système des partis remis en cause par la rue romaine indignée se dépêche, avec l’immense majorité des médias toujours empressés à lui laisser la parole, de criminaliser une journée de lutte extraordinaire. On ramène encore une fois la sempiternelle litanie sur les Black Blocs, comme s’il s’agissait désormais d’un rite pour exorciser un conflit social qui, ces derniers mois, a gagné en puissance et en soutien sur les places, dans les rues, dans les vallées et dans les universités de toute l’Italie.
Black Blocs, tu parles ! Place San Giovanni, pour résister aux charges et aux carrousels forcenés et mortels des fourgons de la police, il y avait non seulement « l’indignation » italienne, mais aussi l’expression d’un mouvement global pour le changement de notre péninsule, réunissant diverses générations d’étudiants, de précaires et de travailleurs dans une lutte commune contre la crise et la dette. En plus de monter des tentes de protestation sur les places, ceux-ci refusent également que leur manifestation soit bridée par les interdictions du ministère de l’Intérieur et revendiquent leur liberté à exprimer leur désaccord en s’en prenant aussi aux palais de la crise et de la politique. Il n’y a pas d’opposition entre ces tentes et la résistance violente place San Giovanni, c’est l’expression du même mouvement ! En Tunisie ou en Égypte, là où tout a commencé, les dictatures ont répandu le sang et réprimé jusqu’au dernier moment, avant de céder devant la force du mouvement et avant que la place Tahrir et la Kasbah de Tunis ne deviennent des espaces de lutte, d’indignation, de colère et de construction d’alternative, d’une vraie alternative, en dehors et contre les palais de la politique.
Mais peut-être une part du problème est-elle justement là : en Italie, la manifestation [du samedi 15 octobre] a été préventivement l’objet d’une compétition entre les directions de milieux politiques vieux et fatigués, expressions de luttes passées et de défaites, qui ont tous fait semblant d’écouter ce que le mouvement crie depuis des année – « Personne ne nous représente ! » – mais se sont surtout donnés beaucoup de mal, difficile exercice d’équilibrisme, pour se garantir (à quel prix ?) un espace de représentation au sein du cortège. Il nous a même fallu supporter la présence du secrétaire général des jeunes du Parti Démocratique, qui prétend parler au nom de la manifestation de Rome. Alors que le monde entier, Italie comprise, s’est justement lancé dans ce mouvement pour protester contre la manière de faire de la politique que son parti représente aussi.
Il est encore trop tôt pour agencer les innombrables images que nous a apporté cette grande journée de lutte ; mais s’il fallait en retenir une, ce serait celle d’une place San Giovani remplie de manifestants décidés à ne pas céder la place à l’adversaire et affrontant une police n’ayant pas hésiter à renverser avec ses véhicules ceux qui ne voulaient pas s’en aller. Une belle image, que les bavardages des partis et la litanie du black bloc ne réussiront pas à distordre ou à modifier aux yeux du jeune prolétariat et des couches les plus exposées ou déjà frappées par la crise.
À partir d’aujourd’hui, le système des partis et des banques en Italie, s’il regarde vers le bas, ne trouve déjà plus personne parce que, de la place du 14 décembre 2010 à aujourd’hui, des gens de plus en plus nombreux se sont hissés assez haut pour regarder l’adversaire dans les yeux… »
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